Exploitation de l’uranium au Niger
Ainsi, l’ampleur des problèmes occasionnés, soulève de nombreuses préoccupations dont celle en lien avec la satisfaction des besoins humains et l'atteinte des objectifs de lutte contre le réchauffement climatique.
En effet, à l’origine, trois sites uranifères sont exploités au Niger dont deux par Orano, successeur d’Areva à travers COMINAK et SOMAIR à Arlit et un gisement de la China Nuclear International Uranium Corporation, (SOMINA), filiale de CNNC (Compagnie Nucléaire Nationale Chinoise) à Azelik dans la Commune rurale d’Ingall.
Ces exploitations ont entraîné la propagation dans l’environnement de matières radioactives et la constitution de stocks de déchets à la porte de la ville ou du village. Cette situation a entrainé de sérieux problèmes dont entre autres :
- l’implantation de COMINAK et SOMAIR par Areva, a occasionné le recrutement d’employés locaux constituant la grande masse des travailleurs de ces deux sociétés, dont il faut assurer la bonne gouvernance ;
- la pratique peu orthodoxe de passer des contrats de travaux ou de prestation de services avec des privés, pour les besoins de la mine à ciel ouvert et celle se situant à 250 m de profondeur ;
- la croissance rapide de colonies de peuplement hétérogènes, constituant de nouvelles cités qui se développent autour des mines ;
- la mauvaise prise en charge des minerais extraits, ainsi que de tous les résidus et déchets résultant des procédés industriels d’exploitation ;
- la faible implication des sociétés minières dans la prise en charge de divers problèmes environnementaux et sociaux dans un espace autrefois vierge de toute occupation humaine.
Egalement, les conséquences graves de l’exploitation de l’uranium au Niger sont énormes et on peut citer entre autres plusieurs contaminants toxiques relâchés à perte de vue. Cet état de fait expose les populations à la toxicité chimique et radiologique des radionucléides. De plus, le radon qui circule dans l’air est une source de cancer des poumons chez les mineurs faiblement protégés.
Aussi, certaines actions catastrophiques avec leurs répercussions sur les hommes et l’environnement ont à un certain moment pris de l’ampleur. Pourtant, les travailleurs et les populations qui vivent aux alentours des mines dans leur grande majorité sans électricité, ont droit à des conditions de vie satisfaisantes, dans un environnement dont la qualité leur permet de vivre dans la dignité et le bien-être.
C’est pour toutes ces raisons qu’avec la relance du projet d’exploitation du gisement d’Imouraren, filiale d’Orano Cycle pour une production de 5 000 tonnes d’uranium métal par an pendant trente-cinq ans et qui fera du Niger le deuxième producteur mondial d’uranium, l’Etat et ORANO ont l’obligation de signer les meilleurs accords pour assurer aux générations présentes et futures, un environnement sain, mais plus particulièrement de favoriser la coopération dans le secteur de l'énergie en vue d’atténuer les risques.
Je rappelle que des prélèvements de sol effectués à proximité d’une mine d’uranium à Arlit, comportaient un niveau d’environ 100 fois supérieur à celui habituellement atteint dans la région d’Agadez. A part cela, dans cette localité, le taux de mortalité dû à des infections respiratoires aiguës, est de 16,19%, presque deux fois la moyenne nationale qui est de 8,54%.
Même si les problèmes respiratoires sont souvent plus fréquents dans les régions désertiques, ce taux de mortalité pourrait révéler une tendance exacerbée par une autre cause liée à la présence des mines d’uranium.
Pareillement, dans cette région, les analyses d’échantillons d’eau prélevés, ont montré une concentration d’uranium supérieure à la limite préconisée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Certains prélèvements d’eau contenaient du gaz radioactif dissous. Les données indiquaient une augmentation graduelle de la concentration d’uranium depuis la mise en activité de ces deux mines.
Le suivi des mineurs doit être un enjeu très important, parce que les pathologies apparaissent souvent au bout de quelques années et parfois après quelques décennies.
Le sujet d’inquiétude, c’est la gestion des millions de tonnes de résidus radioactifs qui sont à l’air libre. Les poussières et les gaz radioactifs se dispersent facilement dans le désert et atteignent l’environnement des agglomérations urbaines.
Après, cinquante années d'extraction d’uranium au Niger, beaucoup de manquements ont été observés. Il s’agit entre autres :
- du refus du groupe Orano de reconnaitre l’existence de zones polluées par la radioactivité et la dissémination au sein d’une population peu avertie de graves dangers de la radioactivité, sans compter des objets irradiés mis au rebut ;
- de la mauvaise gestion environnementale par les Chinois dans la gestion de SOMINA qui, en captant des nappes d’eau fossiles pour les besoins de l’usine, assèche des puits artésiens et des mares natronnées de la zone d’Ingal ;
- du refus de prendre en charge les anciens ouvriers atteints de maladies provoquées par l’irradiation ;
- le non-respect par la société chinoise SOMINA des règles élémentaires de sécurité lors de la manipulation des fûts d’uranate de soude sur les lieux de travail ;
- l’insuffisance des règles strictes de gestion des matières radioactives dangereuses émanant de sites miniers.
Depuis lors, les multinationales se la coulent douce, tandis que peu de gains sont récoltés par notre pays en termes de revenus tirés des ressources minérales, mais aussi en termes de satisfaction des besoins humains.
Qui aurait pensé, que jusqu’à présent, cette situation demeure inchangée ?
Et pourtant les opportunités sont innombrables, pour renverser la tendance. A cet égard, nous souhaitons les saisir à l’occasion de ce Colloque international sur le thème central : « L’énergie bien commun de l’humanité » qui se déroule au Palais du Luxembourg au Sénat Français.
Et m’adressant à la Fondation Gabriel Péri et aux différents acteurs de l’énergie ici présents, aidez-nous à saisir les meilleures opportunités pour mettre notre pays le Niger et ses populations dans leurs droits.
Merci de votre aimable attention !