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Conditions d’extraction de l’uranium au Niger, impact sur le développement et conditions de travail

05/01/19 Publicaciones, International

Au moment où je vous écris, les armées occidentales sont déployées dans le pays, avec un puissant appui, mais pas désintéressé, de la France et des Etats-Unis pour lutter contre les terroristes au Sahel.

La persistance de l’insécurité au Nord de la région d’Agadez, a perturbé l’accès aux services sociaux de base, mais a également compromis les investissements aux bénéfices de la population. Cette situation fait de cette zone désertique un espace particulièrement exposé et vulnérable. En effet, les menaces qui pèsent sur le Sahel sont de différentes natures ; elles sont transfrontalières et transnationales et nécessitent des réponses et des synergies globales. Le caractère régional et mondial de ces menaces nous impose des actions concertées afin de comprendre les processus socio-politiques et socio-économiques qui s’y expriment.

Les causes de la crise au Sahel en général, et dans le Nord du Niger en particulier, sont nombreuses, profondes et multiformes. Elles sont locales, nationales et transnationales. Elles s’enracinent dans un déficit de gouvernance globale. Plus spécifiquement et sans être exhaustives, elles relèvent notamment de la mal gouvernance dans les industries extractives. Ces causes sont aussi liées à la précarité des conditions de vie des populations : insécurité alimentaire, malnutrition, faible accès aux services de base, inexistence d’importants tissus économiques formels dans cet espace étendu et peu peuplé, caractérisé par des spécificités sociologiques telles que le nomadisme.

A cela s’ajoute la faible présence, voire l’absence de l’Etat, les moyens limités des collectivités territoriales, des Chefferies Traditionnelles, la faiblesse des relations transfrontalières, les longues frontières poreuses et la fragilité des Etats africains. Elles tiennent également aux enjeux géostratégiques liés à un territoire au sous-sol extrêmement riche qui attise les convoitises et dans lequel se mêlent intérêts concurrents et influences extérieures. Le sous-sol nigérien renferme aussi du charbon exploité actuellement par la Sonichar. Au titre des grands enjeux qui caractérisent la zone, de récentes découvertes de ressources naturelles dont le pétrole sur le plateau du Mangueni dans le Kawar, à Agadez et dans la zone d’Agadem, à Diffa.

Plus récemment, la situation s’est aggravée du fait de la circulation illicite des armes, accentuée par une importante dissémination des armes de guerre, suite à l’effondrement du régime de la Jamahiriya Libyenne. Plusieurs dizaines de milliers d’armes sont en circulation dans la zone, dont plus de la moitié est détenue par des groupes terroristes Djihadistes. Les armes sont utilisées pour commettre des actes criminels, déstabiliser des Etats souverains par les enlèvements d’occidentaux contre rançons évaluées.

Dans cette zone, le Niger dispose de véritables réservoirs miniers et de multitudes ressources minérales. L’uranium, principale ressource stratégique de l’industrie minière du Niger, a été découvert à Azelik en 1957 par le Bureau français de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) au cours de ses explorations à la recherche de cuivre. Suite à cette découverte, la Commission de l’Énergie Atomique (CEA) a mené des recherches plus poussées, et a fait de nouvelles découvertes, notamment à Abokurum en 1959, à Madaouela en 1963, à Arlit en 1965, à Imouraren en 1966 et à Akouta en 1967.

Le groupe AREVA a été très actif dans le développement du secteur et dans l’exploration des réserves d’uranium depuis plus de 42 ans. Ce groupe opère par l’intermédiaire de ses deux filiales : la Compagnie Minière d’Akouta (COMINAK) qui exploite depuis 1974 la mine d’uranium d’Akouta et la Société des Mines de l’Air (SOMAIR) qui exploite depuis 1971 la mine d’uranium d’Arlit. L’année 2007 marque le début de l’intérêt de la Chine pour l’industrie minière au Niger, lorsque la CNNC (Compagnie Nucléaire Nationale Chinoise) est devenue l’actionnaire principal d’une co-entreprise nouvellement formée, la Société des Mines d’Azelik SA (Somina). La compagnie chinoise a indiqué que la mine d’uranium d’Azelik a produit son premier Yellowcake (uraninite), le 30 décembre 2010 : il s’agit de la première production internationale de la CNNC.

Les réserves d’uranium du Niger sont situées dans le bassin de Tim Mersoi, une zone couvrant près de 114.000 kilomètres carrés dans le Nord-ouest. Il y a au moins 13 gisements d’uranium, tous situés dans des sédiments de grès. Les gisements de Tim Mersoi ont des teneurs en uranium intéressantes, généralement comprises entre 0,3% et 0,6%. Bien que leur teneur en uranium soit relativement faible, ces gisements demeurent rentables, car contenus dans le grès. Ils peuvent être traités par lixiviation in situ, une technique d’extraction à faible coût. Le Niger ayant produit 4.000 tonnes d’uranium en 2011, la World Nuclear Association estime que cela fait de ce pays le quatrième pays producteur mondial. En 2012, la production a atteint 5.000 tonnes, malgré l’insécurité au Sahel. Depuis 2009, des installations pour exploiter une réserve d’uranium située à Imouraren sont en cours de développement par le groupe AREVA. Retardé pour des raisons d’insécurité dans la région, ce projet démarrera probablement sa production dans les années à venir.

Le gisement d’Imouraren s‘étend sur une superficie de 20 kilomètres carrés et contient environ 180.000 tonnes de ressources d’uranium mesurées et approchées. Avec cette quantité d’uranium, Imouraren sera la plus grande mine d’uranium à ciel ouvert en Afrique occidentale et la deuxième mine d’uranium dans le monde. En 2009, AREVA a annoncé que la production de cette mine s’élèverait à 5.000 tonnes par an. Il faut Ajouter à cela la Compagnie Minière d’Akouta (COMINAK) où AREVA est le principal actionnaire avec 34% des parts, la SOPAMIN (Etat du Niger) 31%, la Overseas Uranium Resource Development Co. Ltd (OURD) du Japon 25%, la Empresa Nacional de Uranio S.A (ENUSA) Espagne 10%.

La COMINAK explore les gisements d’uranium du Nord-ouest du Niger depuis 1974 et a débuté ses activités minières en 1978. L’exploitation minière d’Akouta est la plus grande mine d’uranium souterraine au monde. AREVA a estimé en 2009 que, compte tenu du taux de production de COMINAK et des projets d’expansion futurs, COMINAK devrait être en mesure de continuer l’exploitation minière à Akouta, au moins jusqu’en 2026. Les caractéristiques de la mine se présentent comme suit :

-une mine souterraine à 250 m de profondeur ;

-la teneur moyenne du minerai est de 3,35 ;

-le procédé de traitement est dynamique ;

-la capacité moyenne de production annuelle est de 1.500 tonnes ;

-la production annuelle en 2011 est de 1.433 tonnes d’uranium (tU) ;

-la production cumulée est supérieure à 62.900 tonnes d’uranium (tU) ;

-l’effectif 2011 est supérieur à 1.150 salariés dont 98% de Nigériens. En outre, AREVA détient 63.4% de la SOMAIR créée en 1968, la SOPAMIN 36.60%. La première production est intervenue en 1971 avec les caractéristiques suivantes :

-teneur moyenne du minerai (MCO) : profondeur de 50 à 70 m ;

-la teneur moyenne du minerai : 2,8‰ ;

-le procédé de traitement : lixiviation en tas par voie acide : minerai à faible teneur et

dynamique : minerai à teneur > 1‰ ; -la capacité moyenne de production annuelle : 2.600 tonnes ; -la production annuelle en 2011 : 2.726 tonnes d’uranium (tU) ; -la production cumulée : > 52.700 tonnes d’uranium (tU) ; -l’effectif en 2011 : > 1.200 salariés dont 98% de Nigériens.

La société Imouraren SA créée en 2009 a les caractéristiques suivantes :

-teneur moyenne du minerai (MCO) en cours : 110 à 170 m de profondeur;

-3,8 milliards de tonnes de roche à extraire ;

-la répartition de la minéralisation sur 20 km2 ;

-l’étendue du gisement : 8 km x 2,5 km ;

-la teneur moyenne du minerai : 0,8% ;

-le procédé de traitement : lixiviation en tas par voie acide ;

-la capacité moyenne de production annuelle : 5.000 tonnes pendant 35 ans ;

-les réserves d’uranium : > 180.000 tonnes identifiées ;

-l’effectif en 2011 : 299 salariés et plus de 158 salariés en sous-traitance ; -les effectifs 2014 : 1.100 salariés, et plus de 1800 salariés en sous-traitance ; -4.000 emplois en phase de construction.

La société des Mines d’Azelik SA (SOMINA) est détenue à 37.2 % par la China Nuclear International Uranium Corporation (filiale de la CNNC), la SOPAMIN 33%, la SINO-U ZXJOY Invest 24.8%, la Trendfield Holding 5.00%. La SOMINA a été créée en juin 2007 par l’État du Niger, avec les actionnaires mentionnés ci-dessus. En 2007, la société a obtenu un permis d’exploitation pour la mine d’uranium d’Azelik, située dans la région d’Agadez. La mine d’Azelik a réalisé sa première production de « Yellowcake » (uraninite), le 30 décembre

2010. World Nuclear News a relaté en janvier 2011 que les recherches devraient se poursuivre à Azelik pour atteindre la pleine capacité de production de la mine à hauteur de 700 tonnes d’uranium par an, et que la CNNC espère augmenter sa production à Azelik pour atteindre 2.500 t/an en 2015 et 5.000 t/an d’ici à 2020. Plusieurs autres sites sont en exploration par des opérateurs canadiens, australiens, chinois, indiens, sud-africains et français. Depuis lors, des problèmes nouveaux sont apparus dans la région, à tous les stades :

-l’implantation de ces entreprises étrangères, souvent des multinationales pilotées de l’extérieur le cas du consortium COMINAK, SOMAIR, associant la France, le Niger, le Japon et l’Espagne, pose le problème de recrutement d’employés locaux qui

constituent la grande masse des personnels de service dont il faut assurer la gestion, mais aussi de la pratique courante de passer des contrats de travaux ou de services avec des privés, pour les besoins de la mine ;

-l’apparition et la croissance rapide de colonies de peuplement hétérogènes, constituant de nouvelles cités dans l’environnement immédiat des mines dont les activités vont se

développer autour des demandes diverses de services ou du traitement des produits extraits ;

-la prise en charge des minerais extraits, ainsi que de tous les résidus et déchets résultant des procédés industriels de leur traitement ;

-l’implication incontournable de ces sociétés exploitantes dans la prise en charge des

problèmes sociaux et environnementaux qui ont été générés en corrélation avec leur activité, dans un environnement autrefois vierge de toute occupation humaine. Toutes

ces problématiques, dont les répercussions sur les hommes et l’environnement ont déjà atteint une certaine ampleur, se font jour, tant pour ces sociétés exploitantes que pour l’Etat. Le pays qui les a accueillies a l’obligation de se pencher, avec toute la diligence et le sérieux requis, vers la recherche de solutions consensuelles efficaces aux conflits sociaux naissants, avant qu’ils n’alimentent des actes de violence qui conduiraient le Niger (après le Mali) vers des lendemains douloureux. Aujourd’hui, plusieurs sources parlent d’une forte émission de radiation provenant des mines d’uranium. Ces faits font débat dans tout le pays.

Des prélèvements des échantillons de sols ont révélé la présence d’uranium et d’autres matières radioactives. Ceux effectués à proximité de la Somaïr, une mine d’uranium exploitée par AREVA comportent des niveaux environ 100 fois supérieurs à ceux habituellement présents dans la région, supérieurs au seuil maximal international autorisé. Une étude a souligné que le taux de mortalité due à des infections respiratoires aiguës était de 16,19% à Arlit, presque deux fois la moyenne nationale qui est de 8,54%. Le rapport indique que, même si les problèmes respiratoires sont souvent plus fréquents dans les régions désertiques, ce taux de mortalité pourrait révéler une tendance exacerbée par une autre cause. Egalement, dans quatre des cinq échantillons d’eau prélevés dans la zone d’Arlit, l’étude a montré une concentration d’uranium supérieure à la limite préconisée par l’Organisation Mondiale de la Santé pour l’eau potable. L’extraction de l’uranium est une industrie minière qui nécessite de grandes quantités d’eau pour transformer le minerai à l’état brut. La consommation des mines d’Arlit a réduit de deux tiers la nappe phréatique fossile de la région. En 2005, la CRIIRAD a analysé les eaux du sous-sol et conclu à une radioactivité très supérieures aux normes internationales de potabilité, fixées par l’OMS. Dans la zone urbaine d’Arlit, certaines eaux de boisson concentrent une radioactivité 10 fois supérieure à la norme de 0,1millisievert/an.

Certains des prélèvements d’eau contenaient du gaz radioactif dissous. Les données historiques indiquent une augmentation graduelle de la concentration d’uranium depuis la mise en activité de ces mines. En matière de radioprotection, il y a lieu d’assurer une surveillance dosimétrique du personnel exposé aux radiations émises par l’uranium, tout en contrôlant régulièrement les taux de pollution des lieux de travail et de l’environnement autour de la mine. La pollution a fait fuir jusqu’à la faune sauvage. L’air et les sols présentent une radioactivité très importante, notamment à cause de la dispersion des poussières radioactives, du gaz radon issu de la mine, et de l’entreposage de milliers de tonnes de déchets radioactifs à l’air libre.

L’inhalation ou l’ingestion de ces derniers peut, entre autres, provoquer des cancers mortels. De fait, la vigilance des personnels mobilisés dans des organisations de la société civile nigérienne comme l’ONG CODDAE ou des ONG extérieures comme GREENPEACE, la CRIIRAD, SHERPA, Droit à l’Énergie SOS Futur, exerce avec de plus en plus d’efficacité, des pressions sur les sociétés en activité, réussissant à les contraindre d’exercer leurs activités de prospection et d’exploitation minière dans le respect de la réglementation en vigueur dans les espaces où elles évoluent. Les ouvriers de la mine d’Imouraren, avaient observé une grève de sept jours, pour protester contre les horaires inhumains exigés par leur employeur. Certains travaillant jusqu’à 12 h par jour et sept jours sur sept. Les situations réelles de terrain sont loin d’être satisfaisantes, si l’on en croit le vieil adage qui proclame « les textes ne valent que par la qualité des hommes qui les appliquent ». Énonçons ici, et de manière non exhaustive, certains manquements dénoncés au cours des conférences et séminaires organisés par l’ONG CODDAE dans les chefs leiux de région d’Agadez, Tahoua, Tillabéry, Zinder et Niamey. Les anciens ouvriers ou habitants des environs des mines font de sérieux reproches au groupe français Areva et au groupe chinois Somina. Il s’agit entre autres de :

-La réalisation d’énormes profits financiers sans accepter en retour de réinvestir une partie des bénéfices engrangés dans les domaines de l’éducation, de la santé, des routes, de l’eau et de l’assainissement.

-Le refus de reconnaître l’existence de zones envahies par la radioactivité habitées par une population peu avertie de ces dangers sur leur santé.

-La mauvaise gestion environnementale par les Chinois dans les activités de la

SOMINA, près d’Azelik qui, en captant des nappes d’eau fossiles pour les besoins de l’usine, a asséché des puits artésiens et des mares natronnées, entraînant ainsi le risque de désertification de la zone d’Ingal, proche de la frontière du Mali.

-Le refus des sociétés minières de prendre en charge les frais en soins médicaux des anciens ouvriers atteints de radiation.

-Le non-respect par la société chinoise SOMINA des règles élémentaires de sécurité lors de la manipulation des fûts d’uranate de soude sur les lieux de travail.

-L’inobservance de règles strictes de gestion des matières radioactives dangereuses émanant de sites miniers d’uranium, notamment au moment de la première mise en exploitation (par AREVA, associée à SOPAMIN-Niger, aux côtés d’Espagnols et de Japonais).

-Tout cela a créé de graves problèmes de pollution à Arlit et à Azelik-Ingall, provoqués par des déchets radioactifs mal conditionnés, voire, dans certains cas, des matériels contaminés remis dans des circuits de ventes, en violation flagrante des dispositions de préservation des habitants et de l’environnement.

-La violation des dispositions légales de répartition des dividendes produits par l’activité minière en un lieu, qui allouent 15% des montants tirés de la vente des produits aux habitants de la région en vue d’améliorer leurs conditions de vie.

Aujourd’hui, malgré la présence des mines d’uranium au Niger dont on peut évaluer à 374.000 tonnes de volume exploitable, le pays manque cruellement de ressources à même de le propulser sur la voie d’un développement accéléré. L’envers de ce décor, à première vue attrayant et prometteur, s’observe au contact des populations trop pauvres d’où sont extraites ces richesses. Depuis plus de 40 ans, « il n’y a rien de nouveau sous le soleil » !... La vie s’écoule sans gains sociaux nettement perceptibles, en termes de construction de routes, d’écoles, de centres récréatifs, de centres de santé, d’accès à l’eau potable, de confort domestique, de création d’emplois pour les générations présentes et futures.

D’où la naissance chez les populations Touarègues de sentiments de déception, voire de frustration, dans cette vaste région inondée de soleil et balayée par les vents de poussière. La RTA, (Route de l’uranium Tahoua-Arlit), importante et symbolique « veine d’écoulement » de la richesse minière vers le port de Cotonou au Bénin, n’existe que de nom. Le désert et le sable, ayant repris ses droits, faisant d’Agadez, capitale minière, un îlot totalement enclavé ! Ainsi, force est de constater qu’après cinquante ans d’expérience vécue en présence des mines d’uranium, la déception des populations nigériennes, capables de catalyser les ferments d’une contestation sociale annonciatrice de périls pour la cité, apparaît clairement.

On peut dire qu’il est urgent et même indispensable de repenser les conditions d’exploitation des ressources minières au Niger, en tant que seul moyen de génération des financements qui vont garantir l’avènement d’un développement et d’une sécurité durables. Face à toutes ces contingences d’origines naturelles et humaines, la raison impose que soient revus et/ou imposés : les clauses de signature de contrats miniers ; le devoir de préservation de l’environnement et la prise en considération de la santé et du bien-être de la population ; le rehaussement des parts financières revenant à nos pays à 50% au plus de la valeur tirée de la vente des produits ; la création et le renforcement de l’accès des populations locales aux opportunités économiques ; l’insertion des rapatriés forcés de Libye, du Nigeria, de la Côte d’Ivoire et d’Algérie ; la présence dans les mines de cadres nationaux, patriotes notamment, conscients du fait qu’ils doivent se préparer à prendre très vite la relève de l’assistance externe dans un court terme.

Au lieu de tirer des leçons des succès des modèles de développement qui ont été expérimentés ailleurs, notre pays s’enlise dans les politiques inefficaces. A l’évidence, un facteur fondamental est à la base de cette situation: l’Afrique souffre de la faiblesse de son organisation sociale et politique. Tant et si bien que la conjugaison des conflits internes et des appétits insatiables que suscitent ses richesses minières ne sont pas pour la prémunir de crises plus ou moins graves.

Il est donc tout à fait compréhensible et choquant que l’exploitation des mines d’uranium au Niger va à l’encontre de l’article 8, paragraphe 2, alinéa b de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée par l’Assemblée Générale, le 2 octobre 2007 qui stipule : « Les États mettent en place des mécanismes de prévention et de réparation efficaces visant tout acte ayant pour but ou pour effet de les déposséder de leurs terres,

territoires ou ressources ». Lors de l’octroi des concessions minières au groupe Areva, les populations locales ne reçoivent aucune information, et sont mises à l’écart de tout arrangement, alors même que les zones concernées impactent plusieurs communes de la région d’Agadez.

C’est pourquoi, seule une prise de contrôle total de l’exploitation minière et pétrolière par les nationaux permettra d’apporter une réponse suffisante et complètement satisfaisante au malaise qui frappe notre pays.

MOUSTAPHA KADI OUMANI

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