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CONCLUSION DU COLLOQUE

18/01/18 Publications, Europe

Lors de cette matinée d’une très grande richesse vous avez tous souligné l’importance du droit d’accès à l’énergie. En effet, une grande partie de notre consommation d’énergie est justifiée par la satisfaction des besoins essentiels : se chauffer, se déplacer, se nourrir, se soigner…Il subsiste encore aujourd’hui une réelle inégalité d’accès aux ressources, en particulier à l’eau et à l’énergie entre les pays développés et ceux en voie de développement. 80% des ressources énergétiques de la planète sont consommées par 20% de la population mondiale. 620 millions d’africains n’ont toujours pas accès à l’électricité soit près des deux tiers de la population du continent pourtant riche en ressources énergétiques. Ces situations sont devenues des facteurs d’instabilité mondiale.

Même si le bilan des objectifs du millénaire pour le développement fait état d’une division par deux du nombre de personnes vivant en situation d’extrême pauvreté depuis 1990, la pauvreté tue encore chaque année dans le monde près de 6 millions de personnes. Encore, 836 millions de personnes vivent avec moins de 1,25 dollars par jour, une personne sur quatre est mal nourrie en Afrique Subsaharienne alors qu’on gaspille 1.3 milliard de tonnes de nourritures chaque année dans le monde, 57 millions d’enfants ne sont pas scolarisés. 1.3 milliard ne disposent pas d’un réseau électrique moderne. Eradiquer la pauvreté d’ici à 2030, combattre les inégalités et le dérèglement climatique tel est le nouvel objectif fixé par l’ONU. Objectif que nous partageons.

Mais aucun de ces objectifs ne sera atteint sans un accès à l’énergie dans les pays ou régions du monde qui en sont dépourvus.

La demande mondiale d’énergie aura doublé d’ici 2050 et ce, même dans l’hypothèse de la mise en œuvre de forts programmes d’économies d’énergie dans les pays aujourd’hui les plus consommateurs. Le rapport du Programme des Nations Unis pour l’Environnement indique que, même avec une sobriété énergétique maximale, il est néanmoins nécessaire de produire 43 % d’énergies en plus qu’aujourd’hui ! si l’on ambitionne de hisser le niveau de vie des pays pauvres au niveau de vie des pays riches.

Les options énergétiques impliquent des choix de société. Pour nous, aucune source d’énergie ne doit être négligée. Elles existent toutes à des développements différents selon des mix énergétiques variés.

Alors le droit à l’énergie, un droit oublié ? J’ai envie de dire NON au regard des nombreux acteurs qui s’en préoccupent comme nous, comme vous, comme d’autres. Mais il y a urgence à ce que les grandes institutions en Europe et dans le monde l’insèrent dans des dispositifs légaux, comme par exemple d’inscrire dans les constitutions de chaque Nation, le droit à l’énergie comme un droit fondamental de l’être humain à l’instar de l’Equateur et du Niger. Il y a donc urgence à instaurer une véritable réflexion et une solidarité politique car seule l’action collective ainsi que la coopération permettront une juste adaptation de toutes les populations pour le droit à l’énergie. Il faut que son accès soit possible, en quantité suffisante, que son coût en permette l’usage et que sa qualité s’inscrive dans le cadre d’un développement humain durable.

C’est pourquoi, notre ONG propose la création d’une journée mondiale de l’accès à l’énergie durable pour tous qui pourra être un temps fort annuel de la mobilisation de tous les acteurs de ce secteur. Cette journée ne se veut pas une fin en soi mais bien comme l’outil indispensable de mesure annuelle des progrès accomplis par la lutte pour l’élargissement du droit à l’accès à l’énergie. Cette proposition a d’ores et déjà reçu le soutien de plusieurs institutions comme le Conseil Mondial de l’énergie, l’Agence Internationale de l’Energie. Cet objectif nous espérons le faire partager encore plus largement afin de le faire aboutir auprès de l’ONU très prochainement. L’organisation de la COP 21 en France doit être l’occasion de porter le droit à l’énergie pour tous.

Je vous remercie.

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