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Pénurie d'électricité en Californie !

25/08/20 Publications, Europe

Cette crise énergétique trouve ses causes dans la privatisation et la dérégulation de la production et de la fourniture d'électricité décidée en 1996 par la Californie, à l'instar d'autres États, dans un contexte de vaste privatisation de ce service public vital pour l'économie.

1996, privatisation et dérégulation de la production et de la fourniture d’électricité décidée par l’Etat de Californie. (La même année l’Union Européenne adopte la 1ère directive sur la libéralisation du secteur de l’électricité et du gaz)

2001, crise de l'énergie en Californie, faillite d’Enron.

De 2000 et 2001, période lors de laquelle la Californie s'est trouvée en pénurie d'électricité due à la faillite d’Enron.

Enron était une entreprise américaine du secteur de l'énergie, elle fut l'une des plus importantes entreprises américaines par sa capitalisation boursière. Elle fit faillite de manière retentissante, en raison de pertes occasionnées par ses opérations spéculatives sur le marché de l'électricité, qui avaient été maquillées en bénéfices via des manipulations comptables.

2008, les vendredi 4 et samedi 5 janvier 2008, plus de 600 000 foyers et entreprises sont privés d’électricité à la suite d'une tempête cyclonique ayant entraîné de fortes pluies et d'abondantes chutes de neige en altitude en Californie du Nord selon la compagnie d'électricité Pacific Gas and Electric.

En 2019, En Californie, des centaines de milliers de clients privés d’électricité en prévention d’incendie.

Les coupures préventives sur San Francisco, le nord et le sud de la Californie. Le gouverneur de l’Etat, Gavin Newsom, accuse l’opérateur PG & E de « négligence ». Là encore l’opérateur privé est pointé du doigt.

Aout 2020, en Californie, la canicule entraîne des coupures de courant pour deux millions de personnes

Les autorités californiennes ont dû demander aux fournisseurs d'électricité de couper l'électricité pour des milliers de foyers, en raison d'une forte demande pendant la canicule et d'une mauvaise disponibilité des énergies renouvelables.

Les températures devraient rester très élevées cette semaine.

Forte demande, solaire en panne !

Le gestionnaire de réseaux californien, ISO, a calculé vendredi dernier que les capacités de production disponibles ne permettraient pas de faire face à une forte demande en électricité. Il a donc demandé aux fournisseurs d'électricité de réduire la demande de 1.000 mégawatts, ce qui correspond à la consommation de 250.000 foyers, soit deux millions de personnes environ.

Le réchauffement climatique avec la canicule qui sévit dans l'État, ainsi qu'au Nevada voisin, entraîne une surconsommation d'électricité. En cause, les climatiseurs qui tournent à plein régime. En période de fortes chaleurs, les innombrables climatiseurs peuvent représenter 70 % de la consommation du secteur résidentiel, selon l'Agence internationale de l'énergie.

Les éoliennes et les panneaux solaires pourraient sans doute compenser la perte de capacité nucléaire. La Californie est devant la triste réalité des productions intermittentes.

La situation climatique, depuis des semaines, le vent souffle peu, et les panneaux solaires sont inefficaces la nuit alors que les températures restent élevées. En l’absence de capacité de stockage, l’électricité produite la journée ne peut donc être restituée la nuit. Les opérateurs n’ont pas le choix : en manque de capacité de production, ils doivent couper l’électricité de leurs clients. L’un des principaux fournisseurs californiens, PG & E, a ainsi privé de courant près de 220 000 foyers la semaine dernière. L’urgence de la situation l’a contraint à couper l’électricité sans prévenir ses clients, durant des périodes de 60 à 90 minutes… Plus de 100 000 familles alimentées par Edison International ont subi le même sort. Les entreprises sont elles aussi mises à contribution : les fournisseurs leur demandent de réduire leur consommation.

Jeudi 20 aout, le matin, plus de la moitié de l'électricité produite par la Californie l'était par les centrales à gaz, une source d'énergie fossile qui émet 490 grammes de CO2 par kWh produit, 40 fois plus que le nucléaire. Les innombrables éoliennes ne fournissaient que 17 % de l'électricité californienne, et le solaire… 0% (il faisait encore nuit). Les émissions totales de CO2 de l'État font frémir : le site ElectricityMap les évalue à 294 grammes de CO2 par KWh produit, contre 61 grammes en France où le nucléaire fournissait, jeudi matin, 60 % de l'électricité produite (l'hydraulique 8 %, le solaire 10 % et l'éolien 5 %).

Voilà la triste réalité de la déréglementation et la loi du marché de l’électricité ! Des investissements dans les installations à court terme pour un retour rapide, et rentable pour la rémunération des actionnaires quand une politique de l’énergie demande une politique à long terme accessible et répondant aux besoins de tous.

Enfin, on peut le constater le subventionnement des ENR déséquilibre gravement l’investissement et une politique énergétique bas carbone répondant au droit à l’électricité pour tous.

La transition énergétique ne sera un succès qu’avec un service public répondant aux besoins de la nation, avec un mix énergétique qui ne surévalue par la capacité de développement des EnR et qui intègre de véritables filières industrielles, pourvoyeuses d’emplois durables et des garanties collectives de haut niveau. Les différentes filières EnR nécessitent une maitrise publique pour assurer la cohérence de leur développement, et un niveau de soutien raisonnable.

L’énergie est un secteur stratégique à extraire des griffes du marché, des intérêts privés et des logiques de concurrence. Un bilan de la déréglementation serait d’ailleurs fort utile à la politique énergétique. Nous avons besoin en France d’un grand service public, démocratisé et au service de l’intérêt général, pour de nouvelles coopérations en Europe et dans le monde afin que le sort de la France ne finisse pas comme celui de la Californie…

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